Douze pourcents des palestiniens ont fui Gaza depuis que le Hamas a pris le pouvoir.
Par Baruch Yedid, TPS
Au cours des 15 années qui se sont écoulées depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza, 12 % de la population de la bande a fui, selon une étude publiée par une organisation associée au groupe terroriste. Le rapport semble marquer la première fois que le Hamas reconnaît – indirectement – une émigration palestinienne généralisée depuis qu’il a violemment pris le contrôle de la bande en 2007.
Le rapport, rédigé par le Conseil des relations internationales affilié au Hamas, a été publié en septembre et récemment vu par le service de presse de Tazpit. Il affirme que plus de 60 000 résidents palestiniens de Gaza ont émigré de la bande de Gaza ces dernières années pour échapper à la pauvreté et à la guerre.
Le rapport du CIR a accusé le blocus israélien de Gaza d’être responsable la pauvreté de la bande qui pousse les palestiniens à fuir. Israël et l’Égypte ont imposé un blocus à Gaza en 2007 pour empêcher la contrebande d’armes.
La bande a connu plusieurs vagues d’émigration en raison des taux de chômage catastrophiques, de la pauvreté croissante, des sanctions imposées par l’Autorité palestinienne et des séries de conflits avec Israël. Le CIR n’a pas reconnu le régime autoritaire du Hamas comme un facteur contributif.
« Gaza est en train d’être vidée de ses habitants », ont déclaré les auteurs du rapport.
L’Autorité palestinienne ne dispose d’aucune donnée sur l’ampleur de la migration depuis Gaza sous le régime du Hamas. Jusqu’à présent, le Hamas cachait les données, ce qui rendait difficile la collecte de chiffres précis pour les organisations de défense des Droits de l’Homme. Le Président du conseil d’administration du CIR est Basem Naim, qui est également un haut responsable du Hamas.
Diverses estimations de l’année dernière ont fait la lumière sur l’exode de Gaza.
Entre 2007 et 2021, environ 236 000 palestiniens ont quitté la bande de Gaza, a rapporté l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne, WAFA, au cours de l’été. Ce nombre représente également environ 12% du nombre total d’habitants de la Bande.
Sur la base de ces chiffres, il semble qu’environ 17 000 palestiniens en moyenne aient quitté Gaza chaque année depuis 2007.
Les palestiniens fuient une situation économique morose.
Le taux de chômage à Gaza est de 74 %. Ceux qui parviennent à trouver un emploi gagnent un salaire annuel moyen de 250 $. Cela place 80% de la population de Gaza sous le seuil de pauvreté. Le rapport du CIR a également noté une augmentation significative du suicide chez les jeunes.
La motivation à émigrer est très forte et une enquête menée en 2019 par le Bureau central palestinien des statistiques a révélé que 37 % des jeunes de Gaza souhaitaient émigrer. « Gaza se transforme en un marécage de désespérés et de pauvres », a déclaré un chercheur palestinien à TPS. « Ceux qui peuvent partir, partent. »
Certains palestiniens partent pour des soins médicaux sans revenir. D’autres versent des pots-de-vin de plusieurs milliers de dollars à la police du Hamas au poste-frontière de Rafah avec l’Égypte.
Des sommes allant jusqu’à 10 000 dollars et plus sont versées aux passeurs qui emmènent des palestiniens par bateau en Espagne via l’Égypte et l’Afrique du Nord, ou en Grèce ou en Turquie, qui sont plus proches.
La Turquie est une destination populaire car le coût d’un visa n’est que de 150 dollars et la Turquie compte une importante communauté palestinienne d’environ 30 000 personnes. On estime que 30% des émigrés de Gaza sont arrivés en Turquie, même si les palestiniens détiennent un passeport qui leur permet d’entrer dans 37 pays sans visa.
Les voyages sont semés d’embûches. Depuis 2014, plus de 360 palestiniens se sont noyés dans les eaux grecques et turques.
En 2020, une enquête du TPS a révélé que 70 000 palestiniens vivaient rien qu’en Belgique, dont 50 000 étaient venus de Gaza entre 2012 et 2016.