Ce 9 janvier 2021 est venu consacrer six années d’hommages, de prières, de réflexions… Mais également un bilan assez pessimiste.
Par Hanna Partouche, Directrice de rédaction chez Unis avec Israël
9 janvier 2015. Quelques heures avant shabat, un terroriste sur-armé, au regard vide et aux bras chargés de haine, ouvre le feu à l’aveugle dans l’hypercacher de la Porte de Vincennes, à Paris. Il sème l’effroi. Et le sang.
François-Michel Saada, Yohan Cohen, Philippe Braham et Yoav Hattab perdront la vie ce jour là, laissant derrière eux des familles endeuillées, une communauté meurtrie dans sa chair, et une France en état de choc.
La veille, leur meurtrier avait déjà ôté la vie à une innocente, Clarissa Jean-Philippe, plongeant la France dans une spirale de terreur. Car l’avant-veille, ses complices s’en étaient quant à eux pris à la rédaction de Charlie Hebdo. Pour des caricatures…
Alors, automatiquement, le bilan de ces six années apparaît, et il n’est pas des plus glorieux.
Le million de personnes qui a défilé à Paris en janvier 2015 n’aura pas suffi à faire disparaître la haine et l’obscurantisme: en 2020 en France, on a encore tué, décapité, pour des caricatures. Pourrait-on même affirmer que les choses ont empiré, au constat du fait que l’on ne tue plus pour avoir dessiné, mais bien pour avoir Montré des dessins…
On a harcelé une adolescente pour des propos sur l’Islam.
On a menacé une reine de beauté dont le père est israélien.
En 2017 et 2018, on a assassiné des dames chez elles, parce que juives.
Les policiers sont toujours menacés en France.
Les militaires aussi.
Et la liste est encore longue.
Celle des victimes s’est élargie.
En 2020, comme en 2016, on tue désormais dans les églises de France. Dans les bars, dans les marchés.
La haine n’a plus de limites.
L’heure est toujours aux hommages, et le sera toujours lorsque sera ôtée la vie d’un innocent. Mais, six ans après, elle est également au réveil, ce réveil qui n’est toujours pas vraiment venu.
Si la France s’était réveillée quant à la menace de l’islam radical dès 2012, lors de l’attentat d’Ozar Hatorah à Toulouse et l’assassinat de militaires à Montauban, le bilan aurait-il été différent?
Et si elle l’avait fait lors de la décapitation d’Hervé Cornara, en 2015? Ou des policiers de Magnanville, en 2016? Ou de Sarah Halimi, Mireille Knoll et tous les autres?
Aujourd’hui plus que jamais, il incombe à chacun de se remémorer, et surtout, de s’identifier à ces gens, qui n’étaient pas « des juifs », « des dessinateurs », « des policiers », « des militaires », mais avant tout des français. Et qui touche à un français touche à la République dans son ensemble.
Le terrorisme est arrivé à petits pas, nous n’avons pas su nous en méfier. Il n’a désormais plus de cibles précises, et frappe partout et tout le monde, à Nice, au Bataclan, à Strasbourg, etc, etc, etc…
Si les noms des terroristes doivent tomber dans l’oubli le plus sombre, ceux des victimes doivent, eux, être toujours présents dans nos esprits.
A la mémoire de François-Michel Saada,
Yohan Cohen,
Philippe Braham,
Yoav Hattab,
Clarissa Jean-Philippe,
Frédéric Boisseau,
Franck Brinsolaro,
Cabu,
Elsa Cayat,
Charb,
Honoré,
Bernard Maris,
Ahmed Merabet,
Mustapha Ourrad,
Michel Renaud,
Tignous,
Wolinski.
Un rassemblement à la mémoire des victimes de l’Hyper Cacher aura lieu ce dimanche 10 janvier à 15h devant l’hyper cacher de Vincennes.