Par Hanna Partouche, Unis avec Israël

Il est étrange, et pourtant si familier, cet arrière-goût que laisse le visionnage du film J’accuse, qui relate avec précision l’histoire du Capitaine Alfred Dreyfus, ce juif accusé à tort de haute trahison en 1894.

Est-ce le fait de réaliser que cette injustice d’Etat, alimentée par une haine populaire du juif, ne remonte finalement qu’à une petite centaine d’années?
Ou bien est-ce le fait de soudain comprendre que, même cent ans plus tard, ce fléau d’un autre temps frappe encore cette douce France avec la même intensité?

Difficile à dire. Et pourtant, tout aussi difficile, en quittant la salle, de visualiser autre chose le visage de Madame Sarah Halimi, assassinée des mains d’un antisémite islamiste radical le 4 avril 2017, au cœur de Paris.

Toute comme le Capitaine Dreyfus, Sarah Halimi aimait profondément son pays, et avait une confiance aveugle en ses institutions.
Et pourtant, tout comme le Capitaine Dreyfus, au-delà de son assassin, c’est son pays qui l’a humiliée.
Toute comme Dreyfus, Sarah Halimi, que la France n’a pas su protéger face à un antisémitisme croissant, a vu son triste cas jugé deux fois.
Jamais à son avantage.
Ni à celui de la morale ou du bon sens.
Jamais en faveur de la vérité.

Une pure honte.

Alors qu’il est « remis en cause » par l’ordonnance rendue par les juges en première instance, le caractère antisémite, si évident, du meurtre de Sarah Halimi n’intéresse même plus la Cour d’Appel, qui se contente de rendre une décision empêchant le cas d’être jugé au fond.
Et c’est là que le scandale arrive: pour la première fois, en France, pays des Droits de l’Homme, et pour ne pas avoir à reconnaître l’antisémitisme, la justice considère la prise de stupéfiants avant un meurtre comme une circonstance atténuante.
Du jamais vu, un scandale qui ne tient pas la route, une sombre blague, qui aurait mérité produire l’effet d’une bombe.

Mais Zola n’est plus, et les Justes se font rares.

 

La France aurait-elle de nouveau perdu la tête? Aurait-elle, une fois de plus, perdu ce courage et cette droiture qui ont fait ses heures de gloire?
Dénoncer l’antisémitisme serait-il devenu dangereux, tabou, au point d’en corrompre la justice? D’en faire taire le peuple?

Où sont les « indignés », où sont les patriotes, à l’heure où notre chère Justice est bafouée aux yeux de tous? Où sont les politiques, qui promettent que « la France sans les juifs n’est pas la France », à l’heure où la justice pardonne leurs meurtres sanglants, les assassinant une seconde fois?
Où sont les humanistes, à l’heure où parler hébreu dans le métro parisien fait risquer le lynchage, mais où le mot antisémitisme reste soigneusement étouffé par nos magistrats?
Où étaient les intellectuels, ces dernières années, pour laissé la France tomber si bas, au point que reconnaitre l’antisémitisme effraie davantage nos juges que le terrorisme?

 

Si la résignation semble avoir tristement frappé la France et ses institutions, elle ne fait pas partie du vocabulaire du peuple juif.
Tant que justice ne sera pas rendue à Sarah et aux autres, des voix s’élèveront.

Et accuseront.