L’ingénieur civil Ronen Feigenbaum, «Milkman du monde», a employé son savoir-faire à la création de fermes laitières dans de nombreux pays, le dernier en date étant la Papouasie (Nouvelle-Guinée).
Par: Abigail Klein Leichman / Israël 21c
Appelez-le le laitier du monde. Depuis 1990, l’ingénieur civil Ronen Feigenbaum a utilisé la technologie et le savoir-faire israéliens pour installer des fermes laitières en Chine, en Angleterre, en Inde, au Mexique, en Namibie, au Nigéria, aux Philippines, en Roumanie, en Afrique du Sud, au Vietnam et désormais en Papouasie/Nouvelle Guinée.
« Les fermes laitières israéliennes sont les meilleures du monde. Nos vaches sont les championnes de la production », expose Feigenbaum, en vue d’expliquer pourquoi tous ces pays recherchent l’expertise israélienne.
Feigenbaum a immigré en Israël en 1973 depuis l’Argentine – où la seule vache qu’il ait vu se trouvait dans une assiette – et a fini par devenir gérant d’un kibboutz avant d’obtenir un diplôme en génie civil au prestigieux Technion-Israel Institute of Technology en 1978.
Feigenbaum est devenu concepteur de fermes laitières, d’abord au profit du mouvement des Kibboutz, et aujourd’hui chez Alefbet Planners, à Tel-Aviv, où il est responsable de la planification des bâtiments d’élevage et des fermes.
De 1980 à 1990, il a travaillé sur le territoire israélien, mais il voyage aujourd’hui énormément en vue de partager les avancées israéliennes sur tous les aspects de l’élevage laitier, de la gestion du troupeau à la traite en passant par l’ensilage.
Il est bien connu que les vaches Holstein israéliennes sont en tête en matière de production de lait. « Chacune d’elles produit en moyenne plus de 40 litres par jour, certaines allant jusqu’à 60« , a affirmé Feigenbaum à ISRAEL21c. La moyenne américaine est de 30 litres par jour, pour 21 litres en Grande-Bretagne.
Les clients d’Alefbet Planners pour le projet Papua, qui sera bientôt achevé, sont la société israélienne de développement international LR Group et Innovative Agro Industry, une société détenue par des Israéliens installés en Papouasie.
Jusqu’à présent, les habitants du Sud-Ouest du Pacifique ne disposaient d’aucun produit laitier, et ne pouvaient que se contenter d’en faire importer.
Feigenbaum a utilisé la technologie israélienne pour s’assurer que les étables se conforment au climat tropical de Papouasie. « Même lorsqu’il fait chaud et humide, les vaches restent au frais. Chacune dispose de suffisamment d’espace pour se reposer, et la clôture fournit une ventilation active et passive en cas d’absence de vent« .
L’équipement pour la salle de traite est fourni par la société israélienne Afimilk et la technologie agricole israélienne est employée dans les champs autour de la ferme qui produisent de l’herbe et du maïs destinés à l’ensilage. La technologie israélienne de l’eau est utilisée à chaque étape de la collecte et du traitement de l’eau de la rivière pour irriguer les champs et arroser les vaches.
Néanmoins, de nombreux composants ont été importés de pays étrangers: le matériel provient d’Italie et de Turquie, l’acier de Chine et – dernier élément mais non des moindres – 515 génisses (vaches n’ayant pas encore donné naissance) de Nouvelle-Zélande. La ferme pourrait éventuellement être agrandie pour abriter jusqu’à 800 vaches.
«La construction a débuté en décembre 2016. En juin 2017, 515 génisses, certaines en gestation, sont arrivées sur le site, au sein d’une étable achevée pour y être mises en quarantaine», explique Feigenbaum. « Début novembre, les vaches ayant mis bas ont commencé à être traitées: premier lait frais produit en Papouasie« .
Les animaux sont traités par lots de 14 de chaque côté sans qu’aucune main ne touche leurs pis. Le liquide s’écoule dans un réservoir de refroidissement et est transféré vers l’usine de transformation en yaourts, fromage, lait et autres produits laitiers.
‘Les sociétés filles produiront plus que les mères’
D’après Feigenbaum, le premier cycle de lactation de ces vaches donne 25 à 30 litres par jour et par vache. Cette quantité est vouée à augmenter avec la deuxième lactation et dans les générations à venir avec les progrès de la génétique.
« Les (sociétés) filles produiront plus que les mères », affirme t-il.
Dans leur Nouvelle-Zélande natale, ces vaches seraient pâturées et produiraient donc en moyenne 13 litres par jour et par tête. Feigenbaum explique que le pâturage a ses avantages et ses inconvénients – les vaches sont libres d’errer et de grignoter la végétation dans la nature, mais d’un autre côté, elles sont exposées aux éléments et ne produisent pas autant de lait que les vaches nourries selon un régime alimentaire précis au sein d’un environnement au climat contrôlé, où les signes de détresse de chacune sont surveillés électroniquement.
« Chaque vache dispose d’une étiquette d’identification électronique avec des capteurs mesurant son comportement, son activité et sa production, tous stockés dans un ordinateur pour aider le gérant de la ferme à détecter les changements. Si une vache montre soudainement un changement dans n’importe quel paramètre de sa moyenne habituelle, cela pourrait signifier qu’elle est en chaleur ou blessée ou malade », explique Feigenbaum.
L’année dernière, la coopérative agricole géante Asociación de Cooperativas Argentinas (ACA) l’a invité dans son pays natal, l’Argentine, pour donner des conférences à sa convention sur la façon d’améliorer la production de lait de vache.