Selon des plaintes, l’ancienne maire a accusé Israël de « violation systématique des droits de l’homme du peuple palestinien » et d’apartheid.
Par Ben Cohen, The Algemeiner
L’ancienne maire de Barcelone fait désormais l’objet d’une enquête judiciaire au sujet de sa décision au mois de février dernier de rompre unilatéralement les liens de la ville espagnole avec Israël, citant comme raison la prétendue politique « d’apartheid » de l’État juif envers les palestiniens.
Une plainte en justice déposée contre Ada Colau par l’organisation de défense pro-israélienne ACOM est en cours d’examen par le cinquième tribunal d’instruction de Barcelone, a rapporté mercredi le quotidien espagnol El Pais.
La plainte accuse Colau d’avoir outrepassé ses pouvoirs lorsqu’elle a déclaré au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou dans une lettre ouverte que la municipalité de Barcelone « suspendait temporairement » son accord de jumelage avec Tel-Aviv, ainsi que tous les autres liens avec Israël, pour protester contre ce qu’elle a qualifié de « violation systématique des droits humains du peuple palestinien ».
Colau avait informé Netanyahou que la suspension resterait en place « jusqu’à ce que les autorités israéliennes mettent fin au système de violations du peuple palestinien et se conforment pleinement aux obligations qui leur sont imposées par le droit international et les différentes résolutions des Nations Unies ».
La plainte d’ACOM affirmait que Colau avait agi en dehors de sa juridiction en coupant les liens, notant également que la décision n’avait pas été soumise au conseil pour un vote, que l’ancienne maire aurait probablement perdu. « Les actions de la maire de Barcelone de l’époque, totalement arbitraires et illégales, ont obligé l’ACOM à déposer une plainte auprès du parquet provincial de Barcelone afin d’enquêter sur ces actes« , indique un communiqué de l’organisation.
De plus, une deuxième plainte déposée par deux avocats, Francesc Jufresa et Ferran Grases, accuse Colau d’incitation à l’antisémitisme en décrivant Israël comme un État d’apartheid, générant ainsi « la haine du peuple juif », ont-ils soutenu.
L’action en justice contre Colau pour sa position envers Israël s’ajoute à la pile croissante de problèmes juridiques auxquels elle a été confrontée au cours de l’année dernière. En novembre 2022, le tribunal provincial de Barcelone a confirmé enquêter sur les accusations selon lesquelles Colau aurait redirigé des subventions municipales vers des organisations qui la soutenaient politiquement. Elle fait également l’objet d’une enquête par le comité d’éthique et de conduite de la municipalité sur des allégations de népotisme dans les politiques d’embauche.
Colau a par la suite perdu le poste de maire lors de la dernière élection du conseil municipal du 28 mai.
La petite communauté juive de Barcelone a été troublée par la décision de Colau, affirmant qu’elle avait entraîné une vague d’actes antisémites. En avril, une synagogue dirigée par le mouvement Chabad a été dégradée par des graffitis pro-palestiniens, avec le slogan « Parce que vous tuez en Palestine » taggué en grosses lettres noires sur le trottoir à son entrée. Plus tôt dans le même mois, la synagogue historique Maïmonide de la ville a été vandalisée avec les slogans «Libérez la Palestine du fleuve à la mer» et «Solidarité avec le peuple palestinien».
Une déclaration de la Communauté juive de Barcelone (CIB) à la suite du vandalisme a déclaré que « tenir les Juifs en général et, dans ce cas, les Juifs de Catalogne, pour responsables de la politique du gouvernement et de l’État d’Israël est un exemple évident d’antisémitisme ».