« Ah ben non, je ne livre pas aux juifs ». Telle est la réponse qu’ont reçue deux restaurateurs strasbourgeois, ce jeudi 7 janvier 2021.
Par Hanna Partouche, Unis avec Israël
Que reste t-il à écrire lorsque les faits divers empreints d’antisémitisme s’enchaînent, et se ressemblent?
Pourrait-on encore se prétendre interloqués, choqués, quand l’antisémitisme primaire devient chez certains routinier?
La semaine dernière, deux plaintes ont été déposées par des restaurateurs strasbourgeois ayant fait appel aux services de la société de livraison Deliveroo. A chaque fois, le même scénario: le livreur se présente, interroge les patrons quant à la spécialité du restaurant, et se voit alors répondre « spécialité israélienne ».
Chaque fois, il s’empresse alors de rétorquer « ah ben non, je ne livre pas aux juifs« , avant d’annuler la commande sous les yeux interloqués des restaurateurs, et de prendre la porte.
Des plaintes ont été déposées, à la fois contre le livreur ainsi que contre Deliveroo, qui n’aurait à ce jour toujours pas clairement identifié son salarié.
Cette dernière a toutefois réagi à l’incident, affirmant par écrit: « Si les faits tels qu’ils sont rapportés sont avérés, nous agirons et mettrons définitivement fin au contrat du livreur responsable ».
Bien évidemment, nous espérons que des actes forts suivront ces paroles, et que la justice française saura se montrer intransigeante (et qu’elle n’estimera pas cette fois que les capacités du livreur n’aient pu être altérées par quelques grammes de cannabis).
Reste à s’interroger sur l’état de la société. Car punir le livreur, c’est bien.
Mais s’interroger sur ce que son antisémitisme aurait pu le pousser à faire, une fois qu’il aurait été en possession d’adresses de personnes de confession juive reste tout aussi essentiel.
Mireille Knoll et Sarah Halimi nous ont en effet démontré qu’il n’était plus improbable d’être assassiné dans son propre domicile français en 2021.
Deliveroo ne doit pas seulement sanctionner, mais bien changer sa politique d’embauche, à l’heure où les personnes en recherche d’emploi sont pourtant malheureusement nombreuses.
Et la justice française ne doit plus seulement se montrer punitive, mais à tout prix dissuasive.
Le temps presse!