Unis avec Israël

Le Liban va acheter du gaz à Israël: en quoi cela est-il crucial?

An aeriel view of the Israeli 'Tamar' gas processing rig off the Israeli southern coast of Ashkelon. (Moshe Shai/Flash90)

Les transferts indirects de gaz via la Jordanie et la Syrie contrebalanceront-ils l’influence de l’Iran sur le Liban ?

Par Pessa’h Benson, Unis avec Israël

Israël a signé un accord négocié par les États-Unis pour approvisionner le Liban en gaz naturel afin de réduire l’influence iranienne sur Beyrouth, a rapporté samedi la Douzième chaîne israélienne.

Selon le rapport, le gaz du champ gazier offshore israélien Leviathan sera transféré au Liban via la Jordanie et la Syrie. Cependant, les transferts pourraient ne pas commencer avant plusieurs années en attendant la réparation et l’extension d’une ligne gazière Syrie-Liban existante.

Le rapport non sourcé de Channel 12 a déclaré que l’accord avait été négocié par Amos Hochstein, envoyé spécial et coordinateur de Washington pour les affaires énergétiques internationales. Hochstein a servi de médiateur dans le différend frontalier maritime entre Israël et le Liban et, en novembre, il a notifié à Jérusalem et à Beyrouth qu’il cesserait ses efforts si aucun accord n’était conclu d’ici mars 2022, date à laquelle le Liban doit organiser des élections.

La médiation américaine remonte aux présidences de Barack Obama et de Donald Trump. L’enjeu est le gaz naturel dans une zone de 856 km² de la Méditerranée orientale.

On ne pense pas que l’accord de ce week-end ait réglé le différend frontalier.

La livre libanaise a perdu 90 % de sa valeur au cours des deux dernières années. En conséquence, le gouvernement n’a pas pu fournir de carburant aux centrales électriques au cours des six derniers mois, laissant le pays avec deux heures d’électricité par jour. Faire le plein d’essence coûte désormais plus cher que le salaire minimum mensuel.

La classe dirigeante, qui a anéanti le Liban, s’est montrée peu disposée à se réformer et n’a presque rien fait pour tenter de sortir le pays de son effondrement, enraciné dans des décennies de corruption et de mauvaise gestion.

Au milieu de la paralysie, l’Iran a livré un million de gallons de diesel au Liban via le Hezbollah en septembre. Les agences étatiques libanaises qui superviseraient normalement les importations de carburant n’ont pas été impliquées dans ce transfert, soulevant des critiques selon lesquelles l’Iran sapait la souveraineté libanaise. Depuis lors, les livraisons de carburant atteignent le Hezbollah par voie terrestre à travers la Syrie, contournant la surveillance de Beyrouth.

Que le gaz israélien fasse ou non contrepoids à l’influence iranienne est sujet à débat. Les ventes pourraient commencer à briser les tabous libanais de longue date sur les contacts avec l’État hébreu et Israël pourrait gagner le cœur et l’esprit de certains libanais. Cela pourrait également empêcher les entreprises iraniennes de forer dans les eaux libanaises en vue des gisements de gaz israéliens.

Mais soutenir Beyrouth risque de libérer le Hezbollah et l’Iran pour qu’ils utilisent simplement leurs ressources ailleurs.

La Douzième chaîne a également rapporté que l’accord avait été coordonné avec le Président russe Vladimir Poutine.

Le fait que le gaz passe par la Syrie donne également au régime de Bashar Assad un degré de légitimité injustifié. Jérusalem et Moscou peuvent calculer que cela réduira l’influence de Téhéran sur Damas.

Le temps nous le dira.

Associated Press a contribué à ce rapport.

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