C’est un moment sans pareil pour les habitants de Gaza qui doivent prendre conscience de la réalité du Hamas et saisir l’occasion qui leur est offerte de façonner leur avenir en manifestant de façon soutenue.
Depuis le 14 mars, les manifestations sporadiques contre la qualité de vie sous le règne du Hamas se succèdent dans la bande de Gaza. Il s’agit de la plus vague de grandes manifestations depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande en 2007. Des milliers de manifestants y ont pris part, malgré les tactiques de dispersion militaires employées par le Hamas à leur encontre.
Les manifestations ont généralement été coordonnées par la voie des sociaux qui ont vu émerger le hashtag #WeWanttoLive, une allusion aux conditions de vie obscènes endurées par les habitants de Gaza sous l’autorité du Hamas.
À l’aube de leur sixième jour, les manifestations ont justifié une réponse énergique d’Al-Qassam, l’aile militaire du Hamas, afin de brouiller précautionneusement le sentiment révolutionnaire.
Plus de 1 000 arrestations, dont des journalistes
Amnesty International, organisation réputée pour son parti pris anti-israélien et ses reproches réguliers à l’égard de l’État, a condamné la répression de la manifestation par le Hamas, qualifiée d’attaque violente contre la liberté d’expression. Saleh Higazi,Député MENA et Directeur adjoint chez Amnesty International, a déclaré «la répression de la liberté d’expression et le recours à la torture à Gaza ont atteint un niveau alarmant. Au cours des derniers jours, nous avons assisté à des violations choquantes des Droits de l’Homme perpétrées par les forces de sécurité du Hamas contre des manifestants pacifiques, des journalistes et des militants des droits de l’homme. »
Un consultant en recherche auprès d’Amnesty International a été arrêté pendant des heures par les forces du Hamas et découragé de poursuivre ses recherches sur les Droits de l’Homme. Plus de 1 000 personnes auraient été arrêtées, dont 42 journalistes locaux. Des manifestations ont eu lieu dans environ 25 localités. Des images montrent les rues de Gaza en feu et en train de fumer tandis que des reportages relayés par les médias sociaux témoignent de la nature généralisée des manifestations – vaincre les efforts du Hamas visant à garder la manifestation secrète.
Le rôle de l’Autorité Palestinienne
La gouvernance par le Hamas a conduit à un taux de chômage bien supérieur à 50% pour les citoyens en âge de travailler appartenant à l’une des populations à la croissance la plus rapide au monde. Il existe une pénurie d’eau potable – plus de 90% de l’eau est non potable – et la plupart des habitants de Gaza vivent avec moins de 2 dollars par jour. En dépit de statistiques aussi stupéfiantes, le Hamas a mobilisé une force militaire solide pour atteindre son objectif déclaré : la destruction de l’État d’Israël, dépensant en moyenne 100 millions de dollars par an pour la guerre.
Pourtant, malgré l’allocation démesurée de fonds du Hamas (y compris ceux reçus à des fins humanitaires), la popularité du groupe au sein de la population est restée immense et a même augmenté tant en Cisjordanie (Judée-Samarie) qu’à Gaza, selon le Centre palestinien pour la politique et les sondages. Alors que le Hamas a visiblement dilapidé les ressources de Gaza lors d’une mission génocidaire, le consensus parmi les gazaouis est qu’une entité sans présence dans leur vie, Israël, est responsable de leurs problèmes économiques, sociaux et politiques. Et la poignée de l’idéologie du Hamas à Gaza est bien illustrée par les manifestations de mars pour le retour il y a un an presque à la date où des milliers de palestiniens ont pris d’assaut la frontière israélienne armés de ballons et de pierres incendiaires ainsi que le sentiment, à tort, d’un droit sur l’ensemble de la terre d’Israël comme l’enseigne la propagande du Hamas.
Cependant, compte tenu de la trajectoire actuelle des manifestations, il est raisonnable s’attendre à certains changements fondamentaux pour le Hamas et les convictions sociales des habitants de Gaza. Déjà, les manifestations ont aliéné davantage l’Autorité Palestinienne et le Hamas; l’Autorité palestinienne aurait en effet joué un rôle dans la coordination des manifestations. Bien que les responsables du Fatah aient toléré les manifestations comme des actes contre la répression du Hamas, ils nient catégoriquement les avoir facilitées.
Les récentes violences entre le Hamas et l’Autorité palestinienne n’étant pas susceptibles de s’étouffer prochainement, la poursuite des conflits internes entre les dirigeants palestiniens ne fera que stimuler les manifestants, alors que les ressources du Hamas sont dispersées et soumises à la pression de mettre un terme aux manifestations.
Un résultat positif pour Israël
Par conséquent, les manifestations – mais plus encore, les représailles aléatoires du Hamas – pourraient induire un changement radical dans la perception du Hamas par les Gazaouites ainsi que par celle d’Israël. Une réponse violente du Hamas démontrerait certainement la nature autocratique du régime terroriste aux citoyens d’une manière sans précédent et priverait de ses droits les nombreux Gazaouites aspirant à une amélioration de la situation. Cela conduirait par la suite à une opposition plus large au régime du Hamas – sinon à une vision plus favorable de la démocratie israélienne par les Gazaouites.
Dans les deux cas, Israël n’a à gagner que de l’évolution de l’opinion politique des palestiniens et donc l’amoindrissement de la menace terroriste.
C’est un moment sans pareil pour les habitants de Gaza, qui doivent reconnaître la réalité du Hamas et saisir l’occasion qui leur est offerte de façonner leur avenir en manifestant de façon soutenue – une opportunité remarquable pour une région en proie à la pauvreté et à l’instabilité.