Si certains en doutaient encore, deux éléments peuvent désormais être clarifiés avec certitude: l’antisémitisme le plus vil est encore bien présent en 2020 en France, et le masque de l’antisionisme ne suffit plus à le déguiser.
Par Hanna Partouche, Directrice de rédaction chez Unis avec Israël.
Imaginez une pandémie meurtrière. Planétaire. Qui traverse les millénaires et sème le chaos sur son passage, sans jamais pouvoir être stoppée. Une pandémie qui, en 2020 encore, résisterait à tous les vaccins les plus efficaces, et dont la souche ne cesserait de muter.
Cette pandémie existe. Sous le nom d’antisémitisme. Vous l’avez sûrement déjà rencontrée, et en avez peut-être même été un porteur passif, sans savoir même que vous faisiez face à l’une de ses nombreuses formes, haine du pouvoir, haine d’Israël, haine de l’étranger… haine du juif.
Cette semaine encore, c’est l’antisémitisme sous sa forme d’antisionisme qui s’est invité derrière les écrans de nombreux français.
19 décembre 2020. Election de Miss France. Quoi de plus anodin?
La France est mise à l’honneur, dans sa grâce, dans sa diversité. Aïe, sa diversité…!
Il aura suffit d’une phrase de la belle April Benayoum, jusqu’ici parmi les favorites sur les réseaux sociaux, pour faire voler en éclat toutes les valeurs d’un concours de beauté qui met à l’honneur les mélanges les plus beaux que la France ait à offrir.
Celle qui sera par la suite finalement consacrée Première Dauphine a eu l’audace (car oui, il en faut de l’audace face aux meutes enragées cachées derrières leurs écrans) d’affirmer les origines israélo-italiennes de son père, donnant ainsi le coup d’envoi du concours du tweet le plus abject.
Evidemment, nul besoin ni envie de les reproduire ici.
Nul besoin de préciser non plus que c’est bien de l’antisémitisme pur et sans équivoque qui a été déversé par dizaines de tweets anonymes, amalgamant ainsi sans aucune mesure les origines israéliennes du père de la belle April et la religion juive supposée de la reine de beauté.
Les partisans du « pas d’amalgame » n’étaient peut-être pas sur tweeter ce soir là. Les militants de « black lives matter » non plus. Les nombreux (et à juste titre) indignés par le sort des ouïghours non plus. Car la haine antisémite s’est déversée en masse, sans rencontrer d’opposants de poids sur la toile ce 19 décembre.
Bien heureusement, la classe politique française s’est dans sa grande majorité indignée. Tout comme le comité Miss France. Tout comme la nouvelle Miss France elle-même.
Il n’en reste pas moins que la soirée gardera un goût amer.
Le Parquet de Paris a ouvert une enquête et April Benayoum a annoncé son intention de porter plainte, afin que « cela ne se reproduise plus« .