Traduit de l’article de Bob Mason/FXEMPIRE
Initialement publié dans The Jerusalem Post
Israël et l’Arabie Saoudite partagent la même vision de la menace iranienne sur la région, et possèdent en ce sens au travers des Etats-Unis un allié commun.
Les temps changent au Moyen-Orient : éviter la domination iranienne sur la région est devenu un objectif commun pour les nations étrangères. Au centre de tout cela : l’important désir international de l’éviction du leader syrien Assad. L’ouverture du dialogue entre Israël et l’Arabie Saoudite est peut-être le changement le plus significatif au sein de la région : il n’y avait jusqu’alors pas eu de rapports diplomatiques entre les deux nations, l’Arabie Saoudite ayant constitué un partisan des droits souverains des palestiniens.
Cette ouverture des relations ne s’est cependant pas faite du jour au lendemain. L’échange par les deux nations de renseignements au sujet de leurs ennemis de la région, parmi lesquels l’Iran, en a constitué un outil.
Les deux nations partagent en effet au sujet de l’Iran et de sa montée en puissance au sein de la région une perception identique.
Israël et l’Arabie Saoudite possèdent par ailleurs à ce sujet un allé commun, les Etats Unis, dont l’avis du Président actuel au sujet de l’Iran est là encore le même. Ces dernières années ont vu la rédaction de nombreux rapports au sujet des relations Israélo-Saoudiennes.
Un article en particulier affirmait que les saoudiens avaient effectué des tests visant réduire le système de défense aérien afin de fournir aux forces aériennes israéliennes une voie de moindre résistance face à l’Iran.
Des informations relatives à une visite secrète du prince Saoudien Mohammed bin Salman en septembre laissent croire que la nécessité d’un renforcement des liens est même croissante. A la frénésie médiatique au sujet d’une possible ouverture des relations diplomatiques entre les deux Etats s’est ajoutée l’information d’une visite de Kushner, le conseiller de Trump au sujet du Moyen-Orient, le mois dernier. L’administration américaine tient à voir les pourparlers israélo-palestiniens reprendre, et les relations entre Israël et le monde arable s’améliorer.
Une redistribution des pouvoirs à l’horizon
Israël et les Etats-Unis pourraient bien devenir d’importants acteurs dans une scission qui susceptible d’entrainer une division conséquente du Moyen-Orient. Une redistribution des pouvoirs apparait alors indispensable et la manière dont le Congrès traitera la question de l’accord nucléaire iranien jouera un rôle clé dans ce processus.
En quoi cela pourrait-il avoir des répercussions sur Israël ? Pour Israël, les intérêts sont considérables, et le fait de trouver des alliés au sein du monde arabe constituerait un élément clé face à l’ennemi qu’est l’Iran. La scission chiites / sunnites n’a jamais été aussi importante et toute perspective d’action nucléaire d’un côté comme de l’autre est terrifiante.
Très récemment, par crainte pour sa vie, le Premier Ministre iranien Hairi a démissionné, accusant l’Iran de faire régner la peur et la destruction sur la région
Le sentiment anti-iranien voit le jour et, alors que les divisions vont s’intensifier, le rapprochement entre l’Arabie Saoudite et Israël va probablement offrir au monde arabe, soutenu et armé par les Etats-Unis, de nouvelles forces dans sa lutte contre la suprématie iranienne.
D’après le classement des puissances militaires du Global Firepower de cette année, la Turquie domine au Moyen-Orient. L’Egypte arrive en seconde position, suivie d’Israël au troisième rang et de l’Iran en quatrième place, suivi de l’Arabie Saoudite et de la Syrie, occupant respectivement les cinquième et sixième places.
Grande inquiétude: la Turquie et l’Iran
Le point le plus préoccupant dans la région résidera dans l’amélioration des relations entre la Turquie et l’Iran. Le Président turc Erdogan s’est rendu plusieurs fois à Téhéran dernièrement, et le gouvernement iranien s’est attaché à promouvoir le renforcement des liens entre les deux pays. Une préoccupation particulière sera induite par la coopération militaire entre les deux puissances, et la manière dont les événements se dérouleront en Syrie, alors que les deux Etats défendent actuellement des parties opposées.
Alors que le printemps arabe survenu en 2011 continue de fragiliser la stabilité de la région, l’administration américaine et ses alliés placent l’Iran au cœur du problème. On estime que l’Iran a réussi à récupérer près de 100 milliards de dollars d’actifs gelés depuis la suppression des sanctions cette année. Il s’agit là d’une somme d’argent considérable destinée à renforcer la force militaire tout en stimulant son économie.
La prospérité économique donnera à l’Iran une force encore plus grande dans la région, tandis que l’Etat aurait également les plus grandes capacités de missiles dans la région.
Israël et les Saoudiens ont tout intérêt à gérer l’importance de l’Iran et les allégeances du pays. Le Moyen-Orient disposant de plus de la moitié des réserves mondiales de pétrole, les États-Unis sont en conséquence également omniprésents, tout comme la Russie, qui s’y intéresse elle aussi davantage.
Même si les États-Unis ne sont peut-être pas l’un des principaux importateurs de pétrole du Moyen-Orient, la stabilité des prix du pétrole leur est essentielle. En outre, les alliés des États-Unis restent fortement tributaires de l’approvisionnement au Moyen-Orient, en particulier des pays tels que le Japon et la Corée du Sud.
L’objectif commun est clair
Pour Israël, des relations normales avec le monde sunnite, et en particulier avec les saoudiens, seraient considérables. D’un point de vue politique, l’objectif de freiner les progrès de l’Iran est clairement affiché. Pour les saoudiens, ils ont souvent fait obstacle à l’établissement de liens plus étroits avec Israël. Les inquiétudes suscitées par une réaction brutale du monde arabe continuent à laisser des pourparlers presque clandestins. Il est également possible que le Congrès ratifie l’accord nucléaire entre l’Iran et les États-Unis, bien que certains considèrent que de nouvelles sanctions constituent une plus grande menace pour la paix régionale.
D’un point de vue économique, des liens plus étroits ne seraient probablement pas plus bénéfiques aux saoudiens. Cependant, ils pourraient profiter à Israël, qui fait importer une large partie des énergies dont elle a besoin, de sorte que des relations avec les saoudiens pourraient entrainer une baisse des prix de l’huile et du gazole significative. De plus, au regard du fait que les saoudiens sont les plus grands consommateurs en matière d’armement dans la région, les canaux commerciaux connaitraient eux aussi une évolution.
Dès lors, les avantages dont bénéficierait Israël en élargissant ses relations avec l’Arabie Saoudite ne seraient pas seulement politiques, mais également économiques.
Israël ne peut se permettre de voir son accès à l’approvisionnement énergétique étranglé, et encore moins rester un état isolé dans le foyer du Moyen-Orient. L’offensive diplomatique d’Israël est opérationnelle. Alors que Netanyahu évoque la possibilité d’une paix par accord foncier avec les Palestiniens, des progrès pourraient bien être à l’horizon. Un front uni sunnite-arabe avec Israël en tant qu’allié pourrait être le moteur de la stabilisation d’une région semblant sur le point de s’effondrer. La manière dont évoluera l’Irak, et notamment la position qu’il prendra quant à la scission chiite-sunnite pourra enfin également se révéler déterminante pour la suite.
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