C’était il y a tout juste six ans. Ce 19 mars 2012, l’horreur et la barbarie franchissaient le seuil de l’école Ozar Hatorah. Une école aujourd’hui plus debout que jamais, dont la République peut être fière.
Par Hanna Partouche, Directrice de rédaction chez Unis avec Israël
19 mars 2012. L’impensable se produit. La haine et les armes traversent le portail de l’école juive Ozar Hatorah.
Quelques secondes, quelques minutes seulement, ont suffit pour qu’à la République, à l’enfance, et à l’avenir, se mêlent le sang et les larmes.
Quelques minutes seulement, pour que la cour de récréation perde son entrain, pour que la jeunesse perde son insouciance, pour qu’une communauté perde ses frères, et la France ses si fidèles enfants.
Gratuitement, lâchement, celui dont le nom sali ne mérite pas d’être prononcé a détruit, et est reparti. Auparavant, il avait assassiné froidement des militaires de la République. Et était reparti.
Il finira sa sombre vie quelques jours plus tard, tout aussi lâchement, en tentant, encore et toujours, de fuir.
Si aujourd’hui la douleur est toujours aussi vive, et aussi présente, l’école du Rav Yaacov Monsonégo constitue probablement l’un des messages les plus forts que la France a su apporter au fléau qu’est le terrorisme: un établissement toujours debout, des professeurs absolument dévoués, des élèves pleins de vie, et plus que jamais l’enseignement au cœur des objectifs de chacun.
Non, la terreur n’a pas vaincu. Bien au contraire: la terreur a fait naître chez ces élèves une énergie palpable, une envie folle de réussir, une soif d’apprendre comme seules réponses à l’obscurantisme.
Quant aux anciens élèves, toujours si fièrement attachés à leur école, leurs ambitions n’ont que décuplé. Au nom des disparus, au nom de leur école, au nom de leur pays meurtri.
Oui, telle est la réponse, exemplaire, qu’ont apportée les élèves et l’équipe pédagogique de l’école juive toulousaine.
N’est-ce pas là l’une des meilleures réponses que la France a su apporter au terrorisme?
La réponse ne saurait être que positive: ce sont ces enfants juifs qui semblent aujourd’hui, malgré leurs profondes blessures, montrer la voie à la France, depuis touchée à tant de reprises par ce même fléau.
Oui, l’école que l’on appelle aujourd’hui Ohr Torah est un modèle de force et de réussite.
France, tu n’as pas su prendre la mesure de la catastrophe qui s’est produite ce 19 mars 2012, véritable sonnette d’alarme qui aurait mérité d’être si largement entendue.
Ce 19 mars 2012, ce ne sont pas que des enfants juifs que la barbarie a frappé. Ce sont tes valeurs, ta République, tes idéaux, ton peuple tout entier.
Cette école est celle de ta République, ses enfants portent fièrement tes couleurs et étudient avec assiduité et conviction tes principes et valeurs.
Tu aurais dû te secouer France, te révolter, t’indigner, crier « Je suis Ozar Hatorah ». Ton silence a t-il été coupable.
At-il ouvert la voie aux catastrophes qui ont suivi? Nous n’en aurons jamais de réponse claire, mais la question mérite indéniablement d’être soulevée.
Mais France, il te suffira aujourd’hui d’observer ces élèves et anciens élèves, ainsi que le Directeur de l’école et son épouse, pour comprendre comment faire face aux nombreux problèmes survenus depuis: ta force viendra de la jeunesse, de l’éducation et de la dignité. Autant de valeurs si propres à l’école juive française Ohr Torah.
Nous ne pouvons que souhaiter que cette école, symbole de solidité et de démocratie, ne perdure aussi longtemps que vivra la France qui lui est si chère.
Depuis cette terrible épreuve, l’école Ohr Torah connait certaines difficultés financières, qui fragilisent son combat.
N’hésitez pas à vous adresser à notre équipe si vous souhaitez connaître des moyens fiables de venir en aide à ce qui est, plus que jamais, un symbole de notre République.
A la mémoire de Myriam Monsonégo, Rav Jonathan Sandler, Aryeh Sandler et Gabriel Sandler.
Photo: commémoration tenue dans la cour de récréation de l’école Ohr Torah, 19 mars 2018.