Pour la Pologne, la révision de l’Histoire semble définitivement plus plaisante que son acceptation. Et c’est au législateur qu’a été confiée l’indigne tâche de concrétiser la négation du rôle joué par la Pologne durant la Shoah.
Par Hanna Partouche, Directrice de rédaction chez Unis avec Israël
Tout juste votée à une très lourde majorité, la loi polonaise relative à l’Holocauste ne cesse de faire parler d’elle. Et il y a de quoi!
En effet, le législateur polonais prévoit ainsi l’application d’une peine de trois ans de prison à toute personne, polonaise ou non, qui emploierait le terme de « camps de la mort polonais« .
De manière plus globale, cette même peine sera prononcée à l’égard de toute personne qui attribuerait «à la nation ou à l’Etat polonais la responsabilité ou la co-responsabilité des crimes commis par le IIIe Reich allemand – ou tout autre crime contre l’humanité (…) ou crime de guerre. ».
Une réelle tentative de réécriture de l’Histoire, d’autant plus déplorable qu’elle intervient en pleine campagne « We remember » et aux alentours de la journée mondiale de commémoration de la Shoah.
Au vu des nombreuses réactions suscitées par le vote, Mateusz Morawiecki, Premier ministre polonais, a tenu à justifier sa position sur Twitter, imputant par cette voie l’unique responsabilité de la Shoah à la nation allemande:«Un gang de voyous professionnels entre dans une maison où vivent deux familles. Ils tuent d’abord la première famille presque entièrement. Ils tuent les parents de la seconde, torturent les enfants. Ils pillent puis rasent la maison. Qui peut dire, en toute conscience, que la deuxième famille est coupable du meurtre de la première ?»
Côté israélien, les expressions d’indignation ne se sont pas faites attendre: « Nous ne tolérerons pas qu’on déforme la vérité et réécrive l’Histoire ou qu’on nie l’Holocauste » a ainsi déclaré Benjamin Netanyahou.
Le Président israélien, Reuven Rivlin, a quant à lui affirmé « On ne peut pas faire semblant avec l’Histoire, on ne peut pas la réécrire, on ne peut pas cacher la vérité« .
Cette loi ne revêt toutefois pas encore de caractère définitivement officiel: grand nombre de procédures doivent encore être respectés pour que son application puisse se concrétiser, notamment l’obtention de l’approbation du Sénat.
Dans l’intervalle, les Premiers ministres israélien et polonais seraient « tombés d’accord pour ouvrir immédiatement un dialogue« .
Une perspective offrant donc l’espoir qu’il soit finalement renoncé à ladite loi.
Toutefois, la porte-parole du parti au pouvoir, Beata Mazurek, ne semble absolument pas du même avis, cette dernière ayant récemment tweeté « Nous ne changerons aucune disposition dans la loi (…) Nous en avons assez des accusations contre la Pologne et les polonais pour les crimes allemands« .
Une affaire à donc suivre de très près, à l’aube d’une éventuelle légalisation du roman historique gouvernemental par la Pologne.