Douze ans.

Il y a douze ans, des barbares, organisés en gang, te choisissaient toi, Ilan, toi le jeune juif à la vie jusq’ici bien rangée. Tu avais la vie devant toi Ilan, il s’en est fallu de si peu.
Une fille, un soir, un verre, une voiture.
La triste suite, nous la connaissons tous. Torture, séquestration, silence assourdissant des autorités, puis ton silence Ilan, assourdissant et définitif.
Douze ans que la vie de ta famille, de tes amis et de ta communauté, n’est plus la même. Douze ans que l’antisémitisme a sévi, sur le sol de ton pays, de ta douce France, et s’est acharné sur toi Ilan.

Vingt-sept barbares.

Ils étaient vingt-sept, face à toi et à l’abandon dont tu as été victime, Ilan.

Vingt-sept. Des femmes, des hommes, des jeunes et des moins jeunes, tous liés par un seul objectif: te torturer dans l’attente d’une rançon, prêts à t’ôter la vie sans rechigner s’il le fallait. Vingt-sept personnes, aucune n’a parlé, aucune n’est revenue en arrière, aucune n’a abandonné. Pas une chance sur vingt-sept de t’en sortir ne t’a été laissée, Ilan.

Vingt-quatre jours.
La durée de ton calvaire. Vingt-quatre jours sans manger, vingt-quatre jours sans voir la lumière du soleil, vingt-qutre jours de coups, de mégots de cigarettes brûlés sur un corps, d’insultes et de cauchemars, c’est terriblement long.
Et pour ta famille, ils furent tout aussi interminables: vingt-quatre jours sans t’entendre, vingt-quatre jours à se demander chaque seconde si tu étais toujours en vie, vingt-quatre jours suspendus au téléphone, vingt-quatre jours de prières prononcées le cœur lourd, pour que tu tiennes le coup.
Tu as été retrouvé Ilan… vingt-quatre jours trop tard.

Une motivation.

Tu avais un tort Ilan. Un lourd tort, qui t’a coûté la vie.
Tu étais juif Ilan. Juif face à une jeunesse pleine de clichés. Mais toi tu n’avais pas d’argent Ilan.
Juif face à une France qui refusait encore de voir l’antisémitisme en face.
Pourtant, ta mère le criait, cet antisémitisme, elle le hurlait. Mais ils n’étaient pas prêts à l’entendre.
Ou peut-être pas prêts à l’affronter.

Douze ans déjà.

Douze ans déjà que ton calvaire s’est achevé Ilan, à jamais.
Tu sais Ilan, douze ans, c’est peu finalement, pour faire changer les choses.
On tue encore des juifs en France Ilan, tout comme toi, parce qu’ils sont juifs.
Mais plus besoin de rançons, plus besoin d’enlèvements, on va à l’essentiel aujourd’hui. On tue dans les écoles, on tue dans les supermarchés, on viole dans les appartements. Si tu voyais, Ilan.
Ta disparition a sonné l’alerte. Beaucoup l’ont entendue. Qui sait combien de vies ont pu être préservées par ton histoire Ilan. Certains ont quitté ce pays qui t’était cher, et leur était tout aussi précieux, d’autres ont pris le parti de rester en s’armant de méfiance, des clichés sont tombés aussi.
Mais la route est encore longue.

Repose en paix Ilan Halimi.

 

Hanna Partouche, Unis avec Israël