On néglige souvent le fait que, avant la guerre des Six Jours de 1967, la France (et non les Etats-Unis) constituait le principal allié occidental de l’Etat juif.
Par: Daniel Krygier, World Israel News
La visite du Premier ministre Benjamin Netanyahou à Paris a été précédée de profonds désaccords franco-israéliens concernant le pacte nucléaire iranien, Jérusalem et les violences à Gaza.
La France et la Suède ont été les deux seules démocraties occidentales à avoir récemment soutenu une suggestion de résolution unilatérale de l’ONU, initiée par le Koweït, reprochant à Israël les violences à la frontière de Gaza. Washington a posé son veto sur le texte, qui ne condamnait pas les attaques du Hamas contre Israël.
En revanche, la France et la Suède n’ont pas donné leur soutien à un texte initié par les Etats-Unis et dénonçant les agressions du Hamas à l’encontre d’Israël.
A travers un tweet; Michael Oren, ministre adjoint auprès du Bureau du Premier ministre responsable de la diplomatie publique, a accusé la France d’hypocrisie du fait de soutenir une « résolution antisémite ».
Ministre adjoint: « honte à la France »
“Honte à la France qui soutient cela. Le gouvernement français ne peut pas se dire contre l’antisémitisme et voter cette résolution antisémite« , a tweeté Oren.
L’ambassadrice française en Israël, Hélène Le Gal, a répondu par son propre tweet, accusant Oren d’ « insulter la France« .
Le fait que, avant la guerre des Six Jours de 1967, la France (et non les Etats-Unis) était le principal allié occidental de l’Etat juif est souvent négligé. Paris avait fourni des avions de guerre Mirage à l’armée de l’air nouvelle de Tsahal et avait joué un rôle crucial dans le développement de la capacité de supposées armes nucléaires d’Israël.
Cependant, depuis 1967, la France a adopté des politiques pro-arabes toujours en place aujourd’hui: Paris a fourni à Saddam Hussein le réacteur nucléaire Osirak qui aurait pu ouvrir la voie à des armes nucléaires irakiennes s’il n’avait pas été bombardé par Israël en 1981. Au fil des années, la France est devenue l’une des plus virulentes critiques d’Israël en Europe.
Dans l’arène diplomatique, Paris soutient fréquemment les positions de l’OLP et accuse sévèrement Jérusalem d’utiliser « une force disproportionnée » lorsqu’elle se défend contre le terrorisme. La crédibilité de la France est d’autant plus érodée qu’elle est menacée par ce même extrémisme islamiste qu’Israël combat.
Au cours de la seconde Intifada, l’ambassadeur français au Royaume-Uni, Daniel Bernard, a fait les gros titres internationaux en accusant Jérusalem des maux du monde et en se référant à l’Etat juif comme « ce petit pays de merde« . Depuis, Paris a essayé d’améliorer le ton de ses relations avec Israël et a accru ses efforts pour combattre l’antisémitisme en France.
Toutefois, dès lors que les politiques du Moyen-Orient sont concernées, la France et Israël continuent de se placer dans des camps opposés.
Les relations entre la France et les juifs ont souvent été complexes. D’un côté la Révolution française a offert aux juifs une égalité civique. De l’autre, l’antisémitisme populiste s’est toujours caché à la surface de la société française, comme l’a illustré l’infâme affaire Dreyfus et la collaboration française avec l’Allemagne nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale;
La France comporte aujourd’hui la plus large population musulmane d’Europe occidentale, qui continue de croître et joue un rôle de plus en plus important lors des élections françaises. En revanche, la population juive de France n’atteint qu’un dixième de la population musulmane et sa diminution est due à l’émigration, au vieillissement et à l’assimilation.
Le Premier ministre arrive à Paris en tant que dirigeant d’un puissant Etat juif
Il est peu probable que le Premier ministre Benjamin Netanyahou parvienne à convaincre le Président français Emmanuel Macron d’abandonner son soutien à l’accord nucléaire iranien. Alors que Paris pourrait manifester un faible intérêt pour les problèmes de sécurité d’Israël, les intérêts commerciaux français en Iran sont sa priorité numéro un. Cependant, les avertissements de Washington, qui pourrait imposer des sanctions secondaires aux pays qui continueraient d’échanger avec Téhéran pourraient rapprocher la France de la position soutenue par le Président Donald Trump et le Premier ministre Netanyahou.
Plus important, contrairement à la position d’infériorité d’Israël lors de ses relations pré-1967 avec Paris, le Premier ministre Netanyahou est arrivé à Paris en tant que dirigeant d’un puissant Etat juif parfaitement capable de se défendre contre toute menace.
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